Tous les articles par Le taulier

Diplômé de la Faculté d'en-rire dans les années soixante-dix, se frotte à toutes sortes de matériaux pour tenter d'apporter un supplément de beauté à ce monde.

Mes coups de cœur à Pulsart 2016

Comme d’hab’ un billet absolument pas objectif puisqu’il reflète mon seul point de vue.

M’ont particulièrement touché :

  • Les femmes d’Anne Bothuon. Un travail magnifique à base de textiles et de filets de dentelle. La taille des sujets est impressionnante (grandeur nature ! ). Mais en toute honnêteté je ne mettrai pas ça chez moi car ses personnages me dérangent avec leurs veines et leurs bourrelets. Elles me rappellent des dessins de science-fiction un peu gore.  Son site http://bothuon.net
  • Les sculptures sur béton de Caroline Leite. Cette plasticienne travaille le béton avec une approche sympathique. Ses tables d’écritures et ses cubes me parlent. Avec un peu plus de place, je verrai facilement ce type de travail chez moi. Son site https://www.caroline-leite.com/
  • Les bustes de Fanny Pallaro. Ses ravis et ses impermanences sont charmants. Certes le noir peut rebuter a priori mais l’expression des visages et le basculement des têtes donnent une humanité touchante à ce type de travail. Ca aussi aurait sa place chez moi si… Son site https://fanny.pallaro.free.fr
  • Les stèles et abstractions de Patrice Poutout. Ici la pureté des lignes emporte l’émotion. La qualité de la réalisation et les matériaux utilisés  joints à la taille des sujets sont un véritable plaisir. Petit caveat : pour bien jouir de ce travail, il faut de la place voire un grand jardin. Son site https://patricepoutout.com/sculptures-3/sculptures-2014-2015/ .
  • L’homme invisible de Malo. Là j’ai été amusé par l’histoire que raconte Malo – La vie ordinaire d’un homme invisible. Le traitement et la mise en scène de l’image sont suffisamment fouillés pour mériter qu’on s’y arrête. Le bémol est que l’ensemble exposé présente un tout cohérent et je ne sais pas ce que l’on perdrait à isoler chez soi l’un des clichés. Son site https://www.malo-photos.com/invisible/
  • Les photos de Jean-Philippe Deugnier. Côté technique, les clichés sont pris avec un appareil numérique (et un objectif à décentrement pour corriger les perspectives). Ils sont imprimés sur de l’alu brossé et passés sous une lampe UV. Cela fixe/cuit l’encre et la rend inaltérable à la lumière et sous les blancs, l’alu restitue pleinement la lumière. Côté sujet, ses gares et ses bâtiments à l’abandon sont empreints d’une nostalgie contrebalancée par la force des couleurs obtenues à la prise de vue. La richesse du détail renforce le sentiment des choses qui s’effacent pour disparaître un jour. Son site https://imagesetpatrimoine.com/le-glamour-et-la-ruine/

Globalement les travaux des plasticiens étaient sympas et j’ai passé un bon moment.

Et je vous rappelle l’expo Tout Chahaignes en Peinture (et sculpture aussi) qui se déroule jusqu’au 16 mai.

L’art du recyclage

Une histoire de petits morceaux

Conséquence de la coupe à la meuleuse, des chutes de marbre avec une ou plusieurs coupes nettes sont mises de côté le temps de traiter les sujets précédents. Et la découverte de la colle cyanoacrylate et de ses vertus me donne des idées pour explorer une nouvelle direction de travail. Pour la faire courte, j’ai mis en six vues le montage d’Abstract Trio 0415.

Abstract Trio 0415 Abstract Trio 0415
Abstract Trio 0415 Abstract Trio 0415
Abstract Trio 0415 Abstract Trio 0415

OK c’est du Couper/Coller, mais il ne faudrait pas oublier les deux P qui prennent un temps fou Poncer / Polir.

Et maintenant quatre vues du travail terminé (Vous noterez au passage que les photos sont moins grandes quand vous cliquez dessus pour les afficher. Elles sont en 1200x 1200 maxi)

Abstract Trio 0415 – Etat final

Abstract Trio 0415 Abstract Trio 0415
Abstract Trio 0415 Abstract Trio 0415

Dimensions globales 13x6x16. Les morceaux tiennent bien en place. J’arrive à soulever l’ensemble en le prenant par l’une des petites pièce triangulaires supérieures. Néanmoins je ne recommande pas de faire ça trop souvent car j’ignore encore comment ce type de collage vieillit dans le temps.

Totem 0415 sans tabou

Découverte de la station verticale.

A mesure que j’avance dans une série de travaux, je me donne de nouveaux défis à résoudre. Après avoir repris la meuleuse en main, je me suis donné pour objectif de réaliser un sujet en position verticale. Le problème est simple. Le marbre a une densité d’environ 2,7 soit 2,7 tonnes le mètre-cube. Un bloc de 40x10x1,7 pèse environ 1,8 kg. Pour que mon sujet tienne verticalement, il faut qu’il s’équilibre sur une assise de 10×1,7 cm. La forme du bloc interdit les porte-à-faux, mais le centre de gravité est à 20cm au dessus de la base. En clair, au premier coup de vent ou au premier coup de main, le sujet va se retrouver à plat avec une probabilité supérieure à 1/2 de se fragmenter.

Avant de résoudre ce petit problème, je vais rapidement vous passer le film de la réalisation de Totem 0415

Totem 04-15 Totem 04-15 Totem 04-15 Totem 04-15

La conception s’oriente dès le départ  vers une position verticale. De gauche à droite vous avez le dessin initial sur canson, le même découpé et détouré en conservant les points d’ancrage (les triangles à mi-hauteur et en haut) et le traçage sur le recto et le verso. Travail somme toute basique donc pas de commentaires particuliers. A partir de là, je dégage à la meuleuse les morceaux qui peuvent l’être sans mettre la pièce en risque. Et ça va très vite.

Totem 04-15 Totem 04-15

Le découpage extérieur terminé, je creuse l’arc de cercle pour générer une zone de transparence et j’abaisse les plans qui encadrent les blocs carrés du haut et du bas pour les rendre le plus saillant possible. Ca devient un travail presqu’exclusivement manuel. Avec le Dremel, les meules s’usent très vite et le moindre dérapage peut faire des marques sur les plans que je veux conserver. La recette est donc simple : huile de coude, patience et des petits rifloirs avec lesquels je gratte, je gratte et je gratte jusqu’à obtenir les formes voulues. Sur la partie en arc de cercle du haut là, c’est Dremel sans souci….

Ensuite j’efface les marques de traçage (visibles sur les deux photos ci-dessus), et j’attaque le ponçage pour faire disparaitre les marques de rifloir et bien nettoyer tous les fonds. C’est long mais c’est nécessaire. Là j’ai fait six passes de ponçage passant du grain 120 au grain 800. Ensuite un double polissage vient terminer toutes les surfaces. La difficulté est de passer dans les découpes pour bien lustrer les parties les plus profondes.

Et maintenant résolvons le problème de départ : la station verticale.

Dans mon stock de pierres, je me suis constitué un assortiment de blocs de 10×10 15X10, récupérés chez un distributeurs de carrelages et . Selon les dimensions c’étaient soit des échantillons, soit des chutes de coupes. Tous ces blocs ont une surface superbement polie et au moins trois tranches rectilignes. Un petit coup de ponçage des tranches (3 passes 120-180-240) et un polissage pour le principe et je dispose de socles sympas.

Un socle + Totem 0415 + une idée à la con = une galère. 

La première idée qui me vient est de creuser ce socle sur deux centimètres de profondeur pour y encastrer mon sujet. Après quelques heures de lutte sur un bloc de 15×10, et avoir bouffé quelques meules sur une grosse perceuse, j’en arrive au constat que ça ne fera rien de propre, vu que je ne suis pas outillé pour travailler ce qui doit être un granit. Déduction faite en calculant la densité de la bête qui avoisine les 3,6. (Rappel le marbre est à 2,7 et l’eau à 1)

En fouillant mon stock, je trouve un joli bloc de 10x10x3 d’une densité proche de 4 ( ± 1,2 kg pour 300 cm3 ). Mais pas question de percer le socle et le sujet (risque d’éclatement) pour passer une tige de montage. Il reste une seule solution : le collage à la colle cyanoacrylate.

Hop une fine couche de colle sur le socle, une autre sous le sujet. Je laisse polymériser quelques instants et j’assemble délicatement les deux morceaux sachant que la prise va être instantanée et définitive. Après quelques minutes, j’attrape le sujet par le haut et le socle reste bien collé. Nickel, c’est résolu … et c’est pas laid. Mais je vous laisse juges.

Totem 04-15 Totem 04-15 Totem 04-15

A droite la vue de profil permet de voir que j’ai changé d’avis sur le fond en arc de cercle. J’ai décidé de le percer en partie pour créer une petite fenêtre qu’on ne voit pas dans les vues de gauche et du milieu.

Prochain challenge : Aller plus loin avec le marbre et la colle…. A suivre.

Rappel Cliquez sur les photos pour les voir en (très) gros plan.

L’art de la meule

Le coup de meule d’ElZede

Comme le temps redevient beau, je peux recommencer à travailler en extérieur. Traduction : quand je me gèle les meules, je ne me sers pas de ma meule électrique. Vue la poussière que dégage cet engin, il est impossible de l’utiliser en intérieur. Or pour découper du marbre, il n’y a rien de tel. Le Dremel et la scie manuelle diamantée deviennent vite une punition quand il y a de la longueur à dégager.

Il faut néanmoins maîtriser l’engin pour arriver à couper la pierre de façon rectiligne tout en évitant les éclats de bordure.

Application pratique avec Courbes 03-15.

Un marbreJe démarre avec un bloc de 30×10

Courbes 03-15j’ai collé un gabarit de part et d’autre du bloc (ici le recto) et j’ai dégagé les parties inférieures au Dremel et à la scie manuelle. Une heure et demie de travail par côté. Une saignée sur la partie supérieure pour arriver au constat que ce n’est pas jouable.

Courbes 03-15Le gabarit côté verso. Courbes 03-15Découpe à la meule du morceau supérieur.

Le constat : c’est qu’il me faut un peu de temps pour comprendre qu’il n’y a point de salut hors la meule. Huit à dix minutes ont suffit pour faire les deux coupes et dégager le bloc, au lieu de quelques heures avec la méthode manuelle. Les saignées faites précédemment n’ont pas gêné le passage de la meule.

Gros plan

Malgré sa vitesse de rotation, la meule a quand même fait des éclats magnifiques sur la face inférieure du bloc.
Il faut que je regarde de près (avec des lunettes de protection évidemment) quel tour de main pourrait limiter ce genre de dégâts. Néanmoins je me suis rattrapé au ponçage puis au polissage, mais c’est toujours une charge supplémentaire.

Courbes 03-15

La meule peut aussi, mais c’est un peu sportif, servir à araser / poncer des aspérités ou des irrégularités. La pierre doit être bien maintenue en place. Et il faut avoir des doigts de fée (??) pour faire qu’une machine assez brutale arrive à travailler de façon délicate. (En anglais, le mot juste est touchy. On comprend vite le sens)

Les étapes suivantes ne nécessitent pas de commentaires particuliers.

Courbes 03-15 Courbes 03-15
Courbes 03-15 Courbes 03-15
Courbes 03-15

ZOOM sur le POLISSAGE

Ci-contre la moitié gauche est encore brute de polissage. La partie droite présente deux niveaux de polissage (cliquez pour voir en gros plan). En bas une première passe a donné un léger brillant. En haut après une deuxième passe on approche un poli très brillant.

Si j’étais courageux, la littérature professionnelle parle de huit passes successives pour atteindre le brillant miroir. Un jour peut-être…

Et voici le résultat final… pour le moment. Là aussi la transparence joue dans les découpes et les creux. (voir ici sur le sujet de la transparence du marbre)

Courbes 03-15
Courbes 03-15

Note à benêt : Créer une version des images à 600px de large. En attendant en cliquant vous les voyez en 3000 x 3000 maxi.  

Pour ceux qui auraient lu “le coup de gueule d’ElZede” , ce n’est pas de la dyslexie, c’est l’impact de vos schémas mentaux.

Indianité 03-15 et Serpent 03-15

Histoire de deux fragments de marbre

Indianité 03-15

Après mon coup d’ognette malheureux, mais entièrement de ma faute, je me suis remis à travailler séparément mes deux fragments.

Par rapport au dessin initial, il était facile (?!) de sortir Indianité 03-15, puisque les principaux éléments et l’appui étaient déjà en place. Aussi en quelques images voici comment le travail a avancé.

Indianité 03-15 Indianité 03-15

A gauche le gabarit issu des travaux précédents, à droite le traçage sur le marbre. Les trois lignes verticales servent de repères pour un bon alignement du gabarit sur les deux faces. On voit nettement la ligne de cassure en haut.

Indianité 03-15 Indianité 03-15

A gauche, il y a une interprétation assez libre du dessin reporté. Les rainures internes suivent l’esprit du dessin, mais l’idée la rainure supérieure avec le trou traversant est venue après. A droite, on voit que la rainure supérieure est décalée par rapport à celle de l’autre face.

Cogitations

Les écarts entre le dessin initial et le travail fini sont la conséquence de l’exploitation d’une propriété fascinante de ce marbre.

Ce marbre de Carrare d’un blanc laiteux, contient des veines grises plus ou moins marquées. Et il est translucide quand il est en faible épaisseur. Le jeu consiste donc à travailler le sujet en profondeur pour produire des effets de transparence / opalescence.

La photo ci-conte montre l’effet produit par la lumière d’une petite torche à LED placée de l’autre côté d’Indianité 03-15

 

Indianité 03-15

 Serpent 03-15

Là je vais être bref. Compte tenu de ma rage après la casse, je n’ai pas fait de photos pendant la réalisation de Serpent 03-15. Je n’ai pris des clichés qu’une fois le sauvetage réalisé.

Serpent 03-15 Serpent 03-15

Sur les deux clichés ci-dessus on voit les veines grises du marbre ainsi que les travaux en creux réalisés sur les deux faces. La transparence joue aussi bien avec la rainure centrale (à droite) qu’avec les creux circulaires (à gauche et à droite) et les échancrures . La lumière se perçoit à travers des épaisseurs pouvant atteindre jusqu’à sept mm. Bien entendu plus la lumière est puissante plus l’épaisseur de matière traversée est importante.

Il me reste à trouver un moyen de faire de bons clichés de ce rétro éclairage.

Serpent 03-15